Trek Kalaw-Lac Inlé
60 km à la découverte des tribus des montagnes
En fouinant dans Notre Lonely Planet depuis Bagan, je me suis rendue compte qu'il était possible de faire le trek Kalaw-Lac Inlé en 3 jours.
Kalaw est une petite ville située à environ 60 km du Lac Inlé, c'est le point de départ de nombreuses expéditions dans les montagnes pour rencontrer les communautés encore préservées des montagnes Birmanes.
Renseignements pris, j'en parle à nos compagnons de voyage, Laure-Anne et Alain, ainsi qu'à Arnaud, et réussis à les convaincre assez facilement de réaliser tous ensemble cette aventure. Nous sommes équipés pour le trek, par contre, nos amis « les Buchs », pas vraiment, car ils ont laissé leur gros sacs en Thaïlande et n'ont sur eux ni chaussures de marches, ni vêtements chauds pour se rendre dans la région du lac, connue pour être plus fraiche que le reste du pays. Nous les accompagnerons pour acheter des pulls d’occasions sur un marché de Bagan, séance shopping où nous rigoleront bien, cependant, nous ne trouverons pas de chaussures adaptées pour eux. Arnaud prêtera une paire de chaussure à Alain, mais ne faisant pas la même pointure que Laure Anne, elle devra réaliser l’expédition en tongs….
A notre arrivé à Kalaw, nous trouvons rapidement un logement pour la nuit et les garçons partent directement à la recherche de l'agence qui nous offrira le meilleur rapport qualité-prix. Une heure plus tard tout est organisé. Nous partirons donc avec « Sam family».
Il ne nous reste plus qu'à prendre l'apéro. Nous tombons sur un couple de voyageurs que nous avions croisés quelques jours plus tôt à Bagan. Nous passons la soirée à partager des bières et à nous raconter nos anecdotes de voyage, tandis que les filles regardent un Walt Disney sur la tablette avec le petit garçon de la gérante du « bouiboui » où nous sommes. Les heures passent sans que nous nous en rendons compte, tant et si bien que le lendemain matin le réveil se trouve être un peu difficile.
Nous rejoignons l'agence avec les filles et faisons connaissance avec le couple hollandais nous accompagnant. Juste le temps de donner nos gros sacs de voyage au transporteur les emmenant dans l’hôtel préalablement réservé sur le Lac Inlé, et nous partons sur la route pour les 3 prochains jours.
Nous bifurquons rapidement vers la foret et nous retrouvons en peu de temps loin du village. Louanne et Maylis sont déjà sur notre dos ; nous ne pouvons pas nous permettre de les laisser gambader car elles s’arrêtent toutes les deux secondes pour ramasser une fleur, un bâton, ou courir après un papillon. A ce rythme-là nous n’arriverons jamais à destination. C’est donc un peu frustré pour elles que nous les portons et les empêchons de courir dans tous les sens.
Les premières heures de la randonné n’ont rien d’extraordinaire au niveau paysages, mais rapidement nous sommes coupés du monde et immergés en pleine nature.
Notre guide, "Cookie" est adorable; souriant et patient. Il parle très bien anglais et prend le temps d’aller voir chacun de nous afin de faire connaissance. Guide depuis 10 ans dans la région, les chemins de montagnes n’ont aucun secret pour lui. Tout au long du trek nous serons surpris par sa connaissance du terrain, et sa faculté à se repérer là où il n’y a pas de point de repère. Notre guide est accompagné de "Gneugneu" (non non je rigole pas c’est vraiment son nom). Gneugneu sera notre cuisinier pour les trois prochains jours. Il nous concoctera une cuisine riche et varié dans des conditions assez spartiates.
Notre première pause repas se passe dans le village de Hlut Pyin. Ici ce sont les Tanus qui y vivent. Ce sont des visages d’enfants doux et souriants qui nous accueillent surpris de voir les filles. C’est sûr qu’il n’y a pas beaucoup de petites filles blondes dans la région, ce qui attise leur curiosité. Nous sommes rapidement entourés par tous les enfants du village pour le plus grand plaisir des filles se mettent à jouer avec eux pendant que Gneugneu s’affaire en cuisine et que nous faisons connaissance avec notre hôte.
Cette femme de 70 ans ayant travaillé toute sa vie aux champs ne peux plus marcher aussi longtemps qu’avant et offre aux randonneurs un lieu pour manger et se reposer avant de reprendre la route à travers les montagnes. Un voisin vient à notre rencontre heureux de pouvoir parler anglais avec les étrangers de passage que nous sommes. Ces rencontres nous remplissent de bonheur. Nous nous sentons privilégié de passer ces quelques instants simples et authentiques avec ces villageois hors d’attentes par la route et de ce faite encore assez préservé du tourisme de masse. Nous prenons le temps d’observer leur photos accrocher au mur et de questionner notre hôte sur la vie au village. Comme bien souvent en Birmanie, nous retrouverons les portraits d'Aung San Suu Kyi et de son père Aung San, défunt héros de l'indépendance.
Après nous être restauré et avoir fait une petite sieste dans la salle à manger, nous reprenons la route à travers les champs.
Nous ne croisons pas grand monde hormis des buffles qui ne s'avèrent pas toujours très amicaux, contrairement à leurs propriétaires qui nous lancent à chaque fois que nous les croisons des grands sourires et des "miNg(e)la ba" (bonjour Birman).
Un peu plus loin sur le chemin, nous tombons nez à nez avec un buffle mâll bien décidé à ne pas nous laisser passer. Cookie tente de l'attirer sans succès. Ne jouant pas les fière face à ses 900kg de muscles, nous contournons l'animal pour ne prendre aucun risques. Nous poursuivons notre marche à travers les champs, les forets, les vallées où les scènes de vie paysanne nous interpellent et nous portent jusqu’au soir avant de rejoindre notre camp de base pour la soirée
Alors que dans la journée nous avions la sensation d’être les seuls touristes de la région, nous prenons conscience que la région est assez visitée et que les agences locales proposent à peu près toutes les même itinéraires (plus ou moins difficiles). C’est donc à Kyauk Su que nous arrivons et découvrons environ une demi douzaine de groupe de randonneurs ayant comme nous marchés à travers les montagnes tout au long de la journée. Tout le monde hallucine de nous voir arriver avec les filles et une fois de plus les enfants du village viennent à notre rencontre pour voir ses jolies petites têtes blondes qui changent des autres randonneurs étrangers ne cherchant qu’à les photographier.
Les enfants de la tribu des Paoh improvisent avec les filles, un chat la lumière du jour tombante, pendant que je pars acheter deux bières dans la « boutique » du village en contre bas. A peine le temps de revenir au camp que Gneugneu nous appel pour passer à table. Il n’est que 18h mais il fait déjà nuit noir. Nous montons dans la salle à manger et découvrons une table basse pleine de petits bols remplis de légumes et de viandes variés. Il n’y a pas de lumière hormis les deux bougies posées sur la table et la lumière du feu de la « cuisine ». Celle-ci est constituée d’un feu central fait à même sur le sol et de gamelles. On se croirait revenu 100 ans en arrière. L’ambiance à quelque chose de magique. Le repas terminé et les filles commençant à fatiguer nous nous retirons avec Laure-Anne pour aller les coucher sur les paillasses du bâtiment adjacent. Nous nous endormons à peine notre tête sur l’oreiller, tandis que les garçons discutent et échangent avec Cookie et Gneugneu, un verre à la main, de leur vision concernant le développement du tourisme dans le pays et la conservation des traditions qui semble très importante à leur yeux malgré l’ouverture récente du pays qui leur fait bien plaisir…. Tous garderont un souvenir agréable de ce moment partagé en toute simplicité.
Le lendemain matin, nous nous levons à 5h pour reprendre la route après avoir avalé notre petit déjeuné. Le village à cette heure ci est déjà bien vivant. Nous n'avons pas besoin de marcher longtemps avant de traverser des champs de piments. Il y en a à perte de vue.
Lou en attrape un pour jouer et malgré nos mises en garde, le coupe en deux et fini par mettre ses doigts à la bouche. Sa réaction ne se fait pas attendre. Puissant, le piment lui brule la bouche et la pauvre chérie pense que la sensation ne s’arrêtera jamais. Les villageois toujours aussi gentils et attentionnés viennent la voir et lui offre une orange pour faire passer le gout du piment brulant.
Nous nous arrêtons à Nan Tain dans la tribu des Taung Yoe, vers 10h pour déjeuner après avoir déjà marché 5h. Ici tout le monde cultive le piment et dans les cours des maisons, nous pouvons observer des tapis rouges de piments séchant au soleil.
Alain et Arnaud improviserons même avec des villageois et Cookie une partie de "Chinlon", le sport national Birman. Une sorte de football réalisé avec une balle en osier ou en rotin dont le but est de jongler et de se passer la balle entre les joueurs en réalisant différentes figures sans la faire tomber au sol. Nous nous baladons dans les rues allant discuter comme on peut avec les uns et les autres pour tenter de comprendre la vie quotidienne de la région.
En reprenant la route, lors de notre marche nous croisons plus régulièrement des hommes sur des bœufs allant travailler sur leur terres pour ramener les piments pouvant être vendu sur les marchés environnent. Après avoir traversé de nombreux champs cultivés dans la montagne, nous rencontrerons en fin de journée des familles venus couper le blé à la faux, fabriquer des bottes de paille pour les animaux et récupérer le grain des blés.
Nous nous posons un instant avec eux pendant qu’Arnaud prépare des ballons pour les enfants et qu’Alain s’essaye à porter les sacs de grains de plus de 40 kg chacun que les hommes semblent porter si facilement sur leur dos.
A notre arrivé à Patthu Pauk, dans la tribu Taung Thu, nous sommes exténués. Nous nous arrêtons dans l’échoppe vendant de la bière fraiche pour nous relaxer et avons beaucoup de mal à rejoindre notre maison. La douche présentée par Cookie ne nous inspire pas tellement tant elle semble rustique. En fait elle consiste en une bassine avec une louche dans laquelle se trouve de l’eau froide. Pas courageux nous optons pour un nettoyage aux lingettes. D’ailleurs ce soir nous n’aurons pas de courage pour grand-chose et irons-nous coucher juste après le repas.
Une fois de plus levé à l’aube, nous reprenons la route mais au pas de course cette fois ci. Il nous faut arriver pour le repas du midi et réaliser les 15km dans la matinée. Je peste contre Cookie qui m’avait promis une matinée en douceur et sur du plat. Pour le coup, c’est vraiment dure et je vocifère à chaque monté contre notre guide. Je craque sous le poids de Lou et me fait aider pour la porter tant le rythme est soutenu. Mais pourquoi ai-je insisté pour faire ce foutu trek ??? Je reste admirative de Laure-Anne qui vient de faire tout le trek en tong. N’ayant pas de chaussures elle s’est contenté de sa seule et unique pair, et ce sans se plaindre une seule fois….
Après une bonne heure avec un dénivelé d'environ 40% sous la pluie et sur des rochers glissant, nous arrivons devant une bicoque de roseau où un « garde » ne manque pas de nous demander un droit de passage. C’est quand même hallucinant de demander de l’argent à cet endroit. Nous pestons mais nous payons avec la sensation de nous faire un peu escroquer.
Ça y est nous sommes enfin arrivés à destination. Nous mangeons dans un restaurant entouré de bambou et infecté de moustiques avant d’embarquer tous à bord de la pirogue nous emmenant à Nyaung Shwe. Plus personne ne parle à bord, nous profitons du voyage pour découvrir les premiers paysages du Lac Inlé, nous détendre et reprendre des forces, la tètes pleine de beaux souvenirs, heureux de l’avoir fait…
très beau récit, merci pour votre partage !
Hello Alix,
Merci pour l’article. Bonne idée de faire ce trek, c’est vraiment un beau moment à passer dans les montagnes et les plaines à la découverte des différentes ethnies Birmanes… Bon, j’ai regardé dans mon dossier « Mynamar » mais hélas, pas de traces du tarif du trek… :/ Désolé !!! Ceci dit, l’agence par laquelle nous sommes passé s’appelait « Sam Family ». Nous l’avons trouvé et choisi en impro après avoir visité plusieurs « agences » et discuté avec des voyageurs qui revenait d’un trek avec eux… Ils sont top en tout cas…. Donc, comme beaucoup d’excursions, nous improvisions souvent sur place… Feeling is better…. Bon voyage à toi
Merci pour ce bel article, magnifiquement illustré !
Je pars en Birmanie au mois de juillet et compte bien faire le trek de 3 jours Kalam-Lac Inlé, comme celui que vous avez effectué.
Dès lors, pourriez-vous m’en dire plus? Combien cela vous a-t-il coûté par personne? Avez-vous réservé votre guide en amont, où l’avez-vous trouvé sur place à Kalaw?
Merci d’avance !
Alix