42 Portraits photo au Mercado Central de Sucre
Rencontrez les Boliviens travaillant sur le marché.
Faire des Portraits des gens en Bolivie, ce n'est pas si simple.
Quand on aime la photographie, on se rend vite compte lorsque l’on arrive en Bolivie, que réaliser des portraits des gens n’est pas une chose aisée. Peut être encore plus que dans les autres pays que nous avons traversés précédemment. Si l’on demande aux gens, poliment et avec respect, très souvent la réponse est négative. Si l’on essaye de les prendre en photo de loin au téléobjectif, ils se cachent immédiatement si ils vous voient. Il arrive même que des gens dans la rue, vous “dénonce” en criant vers la personne photographiée pour la prévenir. Celle ci se cache donc immédiatement.
Vous l’aurez compris, c’est une quête quasi impossible à moins de jouer de longues heures aux paparazzi dans les rues. Ça m’arrive de le faire, car j’aime le photo non posée, prise sur le vif, qui montre la vie telle quelle est, sans artifice. Cependant, je peux comprendre qu’a force, se faire photographier, peut être importunant à la longue.
Pourtant…
Ce qui est étonnant néanmoins, c’est qu’a Potosi et a Sucre, plusieurs fois pendant nos séjours, nous sommes tombés sur différentes fêtes locales ou les gens défilaient dans les rues et surtout se faisaient énormément prendre en photo. Effectivement, lors de ces manifestations, une nuée de photographes avec leur petites imprimantes accrochées en bandoulière déambulaient dans les rues et faisaient des photos des gens dans le but de leur vendre immédiatement les clichés. Le business paraissait bien marcher et à ces moments la, les Boliviens semblaient aimer se faire prendre en photo.
Lors de notre séjours à Sucre, nous avons pris avec Vanessa des cours d’Espagnol à L’Alliance Française. J’en ai alors profité pour demander à Suzana, ma professeur de 27 ans, pourquoi les Boliviens semblaient si réticents a se faire prendre en photo par les étrangers. Elle m’a alors répondue : “los Bolivanos estan vergonzosos” qui signifiait : Les Boliviens sont honteux. Je lui ai dit que je trouvais ce terme bien étonnant et exagéré. Elle m’expliqua alors que lorsque des touristes les prenaient en photo, ils se sentaient honteux car bien souvent, ils se sentaient inférieurs de par leur condition sociale. Je lui répondis à mon tour, que pour moi, il n’y avait aucun voyeurisme ni misérabilisme, et que la réalisation de portrait permettait de saisir la vie telle qu’elle était. Je lui dit que pour ma part, c’était aussi un moyen de conserver des souvenirs forts des pays traversés, des personnes croisées et de pouvoir témoigner et mieux connaitre leur conditions et mode vie avec recule et respect évidemment. Lorsque je lui ai parlé de tout ces photographes qui prenaient en photo les Boliviens lors des divers manifestations que nous avions croisés, celle ci m’expliqua, que pour ce genre de jours spéciaux, ils appréciaient la photo car généralement ils s’étaient fait beaux et que le cadre festif les mettaient en valeur.
Lors de mes pérégrinations au Mercado Central de Sucre, j’avais commencé à réaliser quelques photos sur le vif, au téléobjectif, mais suite à cette conversation avec Suzana, je souhaitais vraiment aller vers les vendeurs, échanger et prendre le temps de les faire poser dans leur environnement de travail (los negocios), et “briser” un peu cette barrière touriste / local.
J’avais demandé à Suzana, comment d’après elle je pourrais leur faire accepter le fait de les faire poser pour moi, sans qu’il y ait cette arrière pensée plutôt détestable.
Elle m’a dit alors, qu’il se pourrait bien qu’ils me demandent de l’argent en échange; 1, 2, ou 3 bolivianos… Ce n’est pas grand chose pour nous, évidemment, mais d’un point vue "morale", je n’aime pas payer pour faire des portraits de gens. Je lui dit, qu’évidemment, si ma démarche était mercantile (expositions, Presse magazine…etc) je trouverais cela tout à fait normal de payer un droit à l’image, mais que pour le coup, je souhaitais le faire simplement pour le plaisir de faire de belles images, le plaisir de la rencontre, et le plaisir de vous le faire partager par la suite. Bon, il ne faut pas le cacher non plus, il y avait aussi un petit coté défi… ;)
Alors, comme les Boliviens semblaient aimer faire des photos les mettant en valeur, et que de plus, c’était aussi mon but dans un certain sens, je me suis dit que je ne donnerais pas d’argent, n’achèterais pas forcément de choses sur leur étale, mais que je me ferais un plaisir de leur offrir leur portrait imprimé sur papier.
Il est vrai que pour moi depuis toujours, la photo est aussi un moyen de faire plaisir aux autres en leur offrant de belles images d’eux. Avant de partir, je souhaitais emporter un polaroid et des recharges d'images, mais cela nous à paru bien trop compliqué à gérer sur une si longue période de voyage.
Aller, On y Va...
Nous avons donc élaboré avec Suzana, une phrase en Espagnol qui présentait mon projet et que j’ai appris par cœur. Il ne me restait plus qu’a me lancer.
C’est pourtant mon travail depuis plusieurs années; j’ai l’habitude de côtoyer et de faire des photos de tout type de personnes dans tout types de milieux sociaux et dans tout type de lieux, mais pour le coup, il m’aura fallu plus de vingt minutes d’errance et d’observation dans le marché pour oser me lancer. En fait, c’est Félix, le vendeur de pain qui me voyant hésitant, m’a abordé pour savoir ce que j’attendais. C’est donc le premier a qui j’ai sortis ma phrase pré-apprise. Avec sourire, il m’a dit: "vas y, et surtout n’hésite pas à aller vers les gens. Tu auras surement quelques refus mais si tu fais les choses bien, ils accepteront".
Il avait raison, une fois lancé, il y eut bien quelques refus, mais dans l'ensemble, les gens ont été adorables. Je serais tenté aussi de dire que la nationalité Française semble plutôt appréciée a Sucre.
Il faut savoir que le marché est ouvert 6 jours et demi sur sept et que bien souvent, les familles entières se relais pour assurer la vente. Enfants, cousins, frères, ils travaillent tous à tour de rôle pour faire marcher le business familial.
Voici donc les portraits réalisés sur le Marché Central de Sucre.
Permina, 68 ans, vendeuse de fruits et légumes.
Alejandra, 62 ans, vendeuse de fruits et légumes.
Marta, 28 ans, vendeuse de plantes médicinales et sa fille de un an et demi, Noemi.
Birma, 28 ans, bouchères et son fils, Camino 8 ans.
Sandra, 44 ans, vendeuse de pomme de terre.
Mirian, 52 ans, vendeuse de bananes.
Dona, 56 ans, vendeuse de jus de fruits frais et salades de fruits.
Josefina, 65 ans, fromagère.
Maria, 53 ans, vendeuse de fruits et légumes et de paniers en osier
Carmela, 50 ans, épicerie, spécialisée en féculents.
Genaro, 66 ans, boucher.
Lidia, 35 ans, vendeuse de bananes.
Benita, 68 ans et sa petite fille de 13 ans, Lizet.
Leonidas, 37 ans, vendeuse de fruits et légumes.
Téofila, 42 ans, vendeuse d'ojets en plastiques et Felix, 64, boulanger.
Eveline, 34 ans, vendeuse de volailles.
Christina, 46 ans, vendeuse de fruits et légumes.
Viviana, 40 ans, vendeuse de sauces et d'épices.
Assun, 55 ans, vendeuse de légumes et de plantes aromatiques.
Leonor, 32 ans, vendeuse de fruits et légumes.
Elisabeth, 43 ans, Charcutière.
Alicia, 48 ans, et son mari Domingo, 51ans; Bouchers.
Christina, 47 ans, vendeuse de gateaux de fêtes.
Filomena, 65 ans, vendeuse de fruits et légumes.
Dolly, 36 ans, vendeuse de jus de fruits frais et salades de fruits et Ustilla, 48 ans, vendeuse de sauces.
Roxana, 27 ans et sa fille, Alejandra, 8 mois. Épicerie.
Serafina, 70 ans, vendeuse de fruits et légumes.
Sandra, 18 ans, vendeuse de céréales.
Leny, 37 ans, vendeuse de desserts à base de gelée.
Dora, 34 ans, Fromagère.
Eugenia, 55 ans, Vendeuse de bananes et Luz, 58 ans, vendeuse de féculents.
Ema, 50 ans, vendeuse de jus de fruits frais et salades de fruits.
Guadalupe, 70 ans, Cuisinière à l'étage des déjeuners.
Delia, 50 ans, vendeuse de fruits et légumes.
Alejandra, 54 ans, Epicerie.
Juana, 36 ans, vendeuse de bananes.
Sonia, 37 ans, boulangère.
Beatriz, 45 ans, vendeuse de fruits et légumes.
Jenny, 37 ans, Fleuriste.
Pour finir cet article, je souhaitais vous dire que l’ idée de leur offrir leur portraits imprimés sur papier à été un grand “succès” et leur a fait BIEN plaisir. A chaque fois que j'y suis allé pour leur apporter, d'autres en les voyant venaient vers moi pour me demander de les prendre en photo. Du coup, j'y suis allé trois fois et je suis passé d'une vingtaine de portraits à plus de quarante. Lorsque nous allions sur le marché avec Loulou pour donner les tirages, pratiquement tous les vendeurs nous ont offerts avec de grands sourires, des fruits, de la nourriture et des desserts… Limite trop, et nous en avons refusé....
Au final, je pense également que ma démarche à contribué un peu à améliorer les relations touristes/ locaux... ;)
Arnaud
Magnifiques photos et l’idée des portraits est originale!
Merci pour ce magnifique reportage !
Un monde aux cent visages !
Très très belle série Arnaud ! Des sourires, des expressions, des couleurs et énormément de vie sur ce marcher, ça donne envie
Merci Tugdual. Bonne route à toi
De magnifiques portraits ! Les photos sont vraiment belles.
Personnellement, j’ai toujours été trop réservé et je n’ose jamais demandé la permission aux personnes de les prendre en photo. Et par respect, j’évite de prendre une photo à la volée, donc résultat mes envies de portraits ne passe pas le cap de l’idée. Ce qui est dommage.
En tout cas, félicitation pour cette belle série de photo !
Merci Charly pour ce retour. La photo, la conscience, la timidité, beaucoup de choses à gérer d’un coup pour des portraits, pas évident je suis d’accord… Après, l’astuce d’offrir la photo à la personne photographié fait plaisir à tout le monde et l’échange est plus facile et chaleureux.