Punta Arenas

Une balade en terre de feu

Punta Arenas

On n’est pas très frais après la nuit que l'on vient de passer. Ce n’est pas pour les trois heures trente de vol, mais plus à cause de la nuit passée à l'aéroport, pour éviter de payer un hôtel et un taxi en pleine nuit. Et oui, maintenant pour économiser quelques pesos, nous sommes prêts à aller 5h30 en avance à l'aéroport et à marcher au radar le lendemain.

MAP CHILE P-ARENAS pour article

Après avoir récupéré nos bagages, les chauffeurs de taxis nous réservent l'accueil habituel et nous attendent pour nous proposer de nous emmener en centre-ville. J'avais repéré en géolocalisation la région (cf article sur geolocalisation), que l'aéroport était à 25 mn du centre, par contre on ne savait pas s’il existait des navettes ou des services de bus. Renseignements pris nous partons dans un minibus nous prenant 3 000 pesos chacun alors que le taxi en demandait 8 000 pour tous. Certes le taxi semble plus rentable et plus direct lorsqu'on est plusieurs mais toujours en quête d'économies nous sauvons les 2 000 pesos de différence. Nous nous dirigeons avec les 10 autres voyageurs vers la ville lorsqu'une alarme retentit dans le minibus. Notre chauffeur tente de baisser le son de la radio sans succès et fini par se mettre sur le bas-côté, résigné.
C'est sûr nous sommes en panne !!!

On n’aura même pas le temps de stresser avant de remarquer que le deuxième minibus était juste derrière nous. Nous montons simplement à bord abandonnant a à son triste sort notre chauffeur sans aucun scrupule.

Après avoir effectué deux fois le tour de la ville, nous serons les derniers à être déposés à l’Hospadaje que j'avais repéré dans le guide. Vu de l'extérieur on dirait un peu une maison "abandonnée" mais en avançant dans le jardin on remarque des tentes plantées au gré du vent et des envies de ses occupants.

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Un homme vient nous ouvrir et discuter un moment sur le pas de la porte. Nous l'écoutons raconter son histoire, groguis par le voyage et accablés sous le poids des sacs, avant d'oser prononcer dans un espagnol hésitant : pouvons-nous poser nos sacs et avoir une chambre ?

L'homme n'avait même pas remarqué que nous portions nos énormes sacs et nous invite à rentrer. L'intérieur de la maison est, comment dire... « surprenante ». Le couloir emmenant directement à la cuisine distribue des chambres petites et vieillottes, mais propres, qui avec du recul ne sont pas si mal. On se croirait un peu chez grand-mère. Enfin une grand-mère bordélique qui n'aurait pas refait la déco depuis les années 30.

Notre hôte parle vite et beaucoup, mais finalement on le comprend pas trop mal. Après m'avoir débriefée sur l'emplacement des bus, supermarché et autres commodités en me notant toutes les informations utiles sur la carte de la ville, nous filons pour nous restaurer et faire deux trois courses.

C'est dimanche, tout est fermé. Un petit marché sur la « Plaza de Armas » attire notre attention, mais l'appel du ventre est bien plus fort.

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Nous atterrirons dans un restaurant chinois proposant buffet, wifi et dessin animé. Tout le monde est ravi et reprend des forces en douceur. Il nous faut malgré tout rentrer pour faire une sieste car le corps est lourd. Les courses effectuées au supermarché du coin, nous rentrons péniblement nous glisser sous les draps. Il est pratiquement 18h quand nous réussissons à émerger en nous faisant violence. Nous passerons la fin de la journée à discuter avec les habitants de l'Hospadaje et à réfléchir à la suite du programme pour les jours et semaines à venir.

Le lendemain nous loupons encore le réveil. Décidément depuis que nous sommes en Amérique du Sud nous ne réussissons pas à nous remettre du décalage horaire de 16h avec la Nouvelle Zélande. Il est 10h moins 5 quand nous sortons de la chambre affamés. Malheureusement notre hôte ne nous laisse pas venir à table profiter du petit déjeuner qui n’est servi que jusqu'à 10h. Un peu dépités, nous comprenons et nous nous résignons.

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Nous passerons le reste de la matinée à discuter avec un groupe de quatre français venant d'arriver. En échangeant sur nos expériences nous apprenons pas mal sur les régions que nous souhaitons visiter par la suite car ils en reviennent. Ils nous informent également sur les possibilités d'observation des pinguoins en liberté. C'est L'ACTIVITÉ phare de la région.
Entre une excursion qui revient à 28 000 pesos (36€) pour se rendre sur l'île de Magellan accessible seulement en bateau, et offre le loisir de se balader une heure au milieu des 40 000 couples de pinguins ou la possibilité de se rendre en bus dans la région de Seno Otway à une heure de route au nord-est de la ville, pour environ 18 000 pesos (23€) afin de découvrir 6 000 spécimens des petits pinguins ( le magellanic penguin), nous avons également la possibilité d'aller sur terre de feu voir les manchots royaux.

C'est ceux-là qui nous plaisent; nos nouveaux amis pensent réussir à s'y rendre sans passer par une agence pour seulement 38 000 pesos au lieu des 55 000 (72€) demandés par une agence pour réaliser l’expédition. Du coup en comparant le prix de l’excursion, pour aller sur l'île de Magellan (28 000 pesos), et l'aventure qui nous attend pour observer les manchots royaux nous optons évidemment pour l'aventure.
Nous passerons l'après-midi à recueillir les infos et à nous organiser pour notre expédition.

C'est à 7h que nous quittons les draps, le visage froissé et le cerveau au ralenti. Les bagages bouclés nous partons en taxi vers le ferry pour rejoindre Porvenir. Arrivés extrême limite nous ne trouvons pas de place et décidons de passer le voyage sur le pont supérieur. Le soleil est au rendez-vous et malgré la fraîcheur de l'air nous sommes bien. En regardant par la fenêtre de la cabine de pilotage, le capitaine nous repère et nous invite à rentrer. Voyager avec un enfant offre aussi des avantages comme celui d’accéder dans des lieux où nous n'aurions pas été invités sans elle.

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Louanne joue un moment avec les commandes avant qu'un autre enfant n'entre. Nous cédons donc la place.

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La maman et son petit bonhomme de 5 ans viennent discuter avec nous en sortant de la cabine et nous passerons ainsi le reste du voyage à papoter. Je ne sais pas comment, au vu de mon niveau d'espagnol, mais on n’a pas arrêté durant les 3 heures qui suivirent. Cette jeune femme de 22 ans est curieuse de connaître notre vie. On échange un bon moment sur nos styles de vie respectifs en comparant les avantages et les inconvénients à vivre dans chacun de nos pays. Elle rêve de venir vivre en Europe alors que je vante les mérites de son pays. Comme quoi on veut souvent fuir ce que l'on connaît en pensant que l'herbe est plus verte ailleurs.

Au milieu de nos échanges on entend : "tonina toninaaaa...." Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que « tonina » signifiait baleine et courir avec Lou sous le bras observer l'animal. On scrute un moment au large guettant chaque mouvement suspect de la mer. Quand enfin une bosse se laisse apercevoir et crache un geyser d'eau. Mon cœur se met à battre imaginant l'animal sous l'eau. Je reste concentrée afin de voir la queue sortir mais notre premier contact avec la baleine en restera là. A la proue du bateau c'est légèrement déçue que je retourne avec ma nouvelle amie et son fils me poser et reprendre notre conversation.

A nouveau nous entendons : « dolphinos » Je saute de mon siège et aperçois 3 dauphins sautant, jouant, nageant vers le bateau. Ils nous suivent ainsi jusqu'à notre arrivée à Porvenir. Je ne me lasse pas de les observer. Lou dans mes bras est toute exitée, croit voir des dauphins à chaque mouvement de la mer.

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Ravie de notre voyage mon amie vient me dire au revoir et ne manque pas de me faire une accolade accompagnée d'une bise. C'est la deuxième fois que je constate qu'au Chili les gens s'étreignent pour se dire au-revoir, même quand ils ne se connaissent pas beaucoup. J'apprécie particulièrement ce genre d’habitude et me plie volontiers à la coutume de l'accolade.

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En débarquant on repère rapidement le bus qui doit nous emmener voir les manchots. Il s'arrêtera au restaurant de la ville qui propose sandwich, connexion internet, babyfoot et service de minibus. Le maître des lieux, un homme de la soixantaine moustachu grisonnant, nous annonce que pour nous rendre dans le parc de "los Pinguinos Reyes", se trouvant à 130km, il nous faut être 10 personnes pour obtenir le prix de 10 000 pesos (13€) chacun.

On commence à questionner autour de nous les personnes, les invitant à se joindre à notre aventure. La chance étant de notre côté nous formons un groupe de 10 personnes en moins de 15 min. Le patron du bar accepte donc d'envoyer un minibus nous emmener et en profite pour nous proposer de dormir pour 10 000 pesos (13€) par couple dans « une maison » à côté.

Marché conclu.De toute façon nous n'avons pas beaucoup le choix car le seul hôtel du coin est plein et bien trop cher pour notre petit budget. Nous embarquons tous dans le bus l'esprit léger pour la suite de la journée, rassurés de savoir que nous ne dormirons pas dehors et pour un prix correct.

Nous mettrons environ deux heures pour relier les 130Km sur la route de graviers. Les paysages arides le long d'une cote découpée nous rappellent un peu les panoramas de la Nouvelle Zélande. Il n'y a pas à dire, quand les conditions sont extrêmes, les vues sont imprenables. Ça ne nous empêchera pas de nous endormir et c'est difficilement que je réveille une Louanne vraiment pas décidée à sortir du bus. Elle nous fera une ENORME crise durant la première partie de l'expédition, et ne profitera pas du tout du paysage. Nous essaierons de la calmer et de la distraire par tous les moyens, mais rien à faire aucune de nos ruses ne fonctionnera. Subjugués par les manchots nous profitons malgré tout du moment. Les bêtes se tiennent devant nous en groupe d'une trentaine de spécimens.

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Si vous souhaitez voir la vidéo avec les manchots, cliquez ici : Rencontre avec les manchots rois en terre de feu.

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J’ai un peu l’impression de rêver et ne réalise pas bien que c’est pour de vrai. Malheureusement on ne peut pas trop se rapprocher pour ne pas les déranger et « abimer » leur territoire. Nous resterons pratiquement deux heures à observer deux différents groupes de pingouins à 100 mètres derrière un bras de mer. Il y a en tout 170 animaux sur le site, sans compter les renards appelés ici le Zorro Chilla qui s'approchent de nous sans peur.

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Nous reprenons le chemin du retour les yeux encore brillants et la tête en ébullition.

De retour nous partons nous ravitailler pour l’apéro dans l'épicerie du village avant de rejoindre l’espace de jeu pour enfant face à la mer. Louanne court à l’assaut des Bo-To-Gans qui, malheureusement pour elle, sont laissés à l’abandon et ne lui permettent pas de glisser. Entre celui qui a des trous en plein milieu, celui qui n’a plus d'arrivée et les balançoires rouillées la pauvre se résigne et joue à nous faire un repas imaginaire pendant que nous buvons un verre de vin à l’abri du vent.

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Nous partons à la découverte de cette petite ville du bout du monde, authentique, encore dans son jus. Les maisons victoriennes défraîchies donnent une sensation de ville fantôme. Nous y passerons toutefois une bonne soirée en compagnie de nos 4 amis français dans le seul restaurant de la ville encore ouvert.

Nous ne rentrerons toutefois pas tard car le lendemain le ferry part à 7h et il ne faut pas se le louper....
-Vanessa-

Mise a jour 2017 : Cet article fait parti de l'évènement "Au coeur de la Patagonie et sera publié dans le recueil du même nom. Un moyen simple d'avoir des informations de qualité sur la destination en un seul doc... ;)

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